Jusqu'ici tout ce que j'ai dit n'est pas fort sérieux et ce ne sont là que des enfantillages. Mais ce que vous allez entendre n'est point à mépriser, il mérite toute votre attention car pour parler comme Homère:Luciano de Samósata (125-180 d.C.), Dialogues Satiriques, Philosophiques et Divers Petits Traités, Paris, Chez Lefèvre-Chez Carpentier, 1841, pp. 3-6, tradução de Jacques-Nicolas Belin De Ballu (1753-1815). Uma tradução para inglês das obras de Luciano pode também ser encontrada nos Google Books. Outras edições das obras de Luciano poderão ser encontradas na Tower of Googel, através da etiqueta respectiva. O trecho a "bold" é aquele que é traduzido para português nos parágrafos seguintes. O pormenor tipográfico que remata esta entrada ("post") foi retirado da folha de rosto dos Dialogues Satiriques.
J'eus pendant la nuit un songe merveilleux
et si clair qu il ne le cède en rien à la vérité même: aussi, après un si long temps la forme des objets qui m'apparurent est encore présente à mes yeux, et le son des paroles que j'entendis retentit encore à mes oreilles, tant ma vision avait été nette.
Deux femmes, me prenant par les mains, me tiraient chacune de leur côté avec tant de violence, qu'il s'en fallait peu qu'elles ne me missent en pièces par leurs efforts contraires. Tantôt l'une paraissait remporter la victoire et me possédait presque entièrement, tantôt je passais au pouvoir de l autre. Elles se disaient mutuellement des injures l'une voulait m'avoir sous prétexte que je lui appartenais déjà; l'autre me revendiquait comme ayant été soustrait à son pouvoir. La première avait l'air grossier d'un artisan; elle était robuste; ses cheveux en désordre, ses mains remplies de durillons, sa robe retroussée jusqu'à la ceinture et couverte de poussière, la faisaient ressembler à mon oncle travaillant dans son atelier. La seconde, d'une physionomie très agréable, avait un maintien noble et décent; sa robe flottait avec grâce. Enfin, elles me laissèrent décider à laquelle des deux je voulais appartenir. La première, cette femme aux traits grossiers, me dit:
"Mon enfant, je suis la Sculpture dont tu reçus hier la première leçon: je suis attachée depuis longtemps à ta famille et par moi ton aïeul (elle prononça le nom du père de ma mère) et tes deux oncles se sont illustrés. Si tu veux renoncer aux bagatelles et au vain babillage de celle ci (elle montrait sa rivale), si tu veux me suivre et t'attacher à moi, je te donnerai d'abord une éducation mâle, tu auras des épaules robustes tu ne seras point exposé à l'envie ni obligé d'abandonner ta patrie et tes amis pour parcourir des pays étrangers, et ce ne sera pas pour des paroles mais pour des actions que les hommes te donneront des louanges. Que la saleté de mon extérieur et de mon habit ne te rebute point: tel était Phidias lorsqu il formait son Jupiter; tel Polyclète quand Junon sortit de ses mains savantes; tels Myron et Praxitèle lorsqu ils méritaient les louanges et l admiration de toute la Grèce. On les adore encore aujourd'hui avec les dieux qu'a produits leur ciseau. Ah! si tu deviens semblable à l un d'eux, quelle sera ta célébrité parmi les hommes! On portera envie au bonheur de ton père et tu illustreras ta patrie."
Tel fut à peu près son discours; elle en dit même encore bien davantage; elle faisait à chaque mot des fautes et des barbarismes, parlait avec vivacité, et employait tous ses efforts à me persuader; mais je ne me souviens plus de tout ce qu'elle me dit; la plus grande partie de ses discours est sortie de ma mémoire. Enfin, lorsqu elle eut cessé de parler, l'autre commença à peu près en ces termes:
"Mon fils, tu vois en moi la Science; je suis déjà ton amie et tu dois me connaître, quoique tu n'aies fait encore avec moi qu'un léger apprentissage. Ma rivale t'a vanté tous les avantages dont tu jouiras en te livrant à la sculpture; cependant tu ne serais jamais qu un ouvrier soumis à un travail pénible, duquel dépendrait tout l'espoir de ta nourriture; ton gain serait mince et peu honorable; tu vivrais humble et obscur; jamais une longue suite ne t'accompagnerait dans les rues; et tu ne saurais ni plaider pour tes amis ni te rendre formidable à tes ennemis Nul citoyen n'enviera ton bornheur; tu ne seras qu'un artisan, un homme ordinaire confondu dans la foule, tu trembleras devant ceux qui l'emporteront sur toi par les richesses ou la force de l'éloquence, et tu seras réduit à leur faire ta cour. La crainte et l'inquiétude troubleront ta vie, et tu deviendras la proie d'un homme puissant. Quand tu serais un Phidias ou un Polyclète, quand tu ferais les ouvrages les plus admirables, c'est à ton art seul que toutes les louanges seront adressées, et de tous ceux qui regarderont tes chefs-d'œuvre, il n'y aura personne, pour peu quil ait de sens, qui veuille te ressembler. Tu ne passeras que pour un artisan, un vil ouvrier, un homme qui vit du travail de ses mains. Si au contraire tu veux suivre mes conseils, je te ferai connaître les beaux ouvrages et les actions admirables des anciens; je te donnerai des connaissances universelles. J'ornerai ton âme, cette noble partie de toi même, des vertus les plus estimables. La sagesse, la justice, la piété, la douceur, la modestie, la prudence, la patience, l'amour des choses honnêtes et le goût des études sérieuses présideront à ta conduite. Ce sont là véritablement les ornements incorruptibles de l'âme. Rien de ce qui se fit autrefois ni de ce qu'il faut faire à présent ne t'échappera; bien plus, avec moi tu prévoiras ce qu'il est à propos ou non de faire; en un mot, je t'instruirai bientôt de tout ce que l'on doit aux dieux et aux hommes. Celui qui à présent est pauvre, le fils d'un homme inconnu, qui délibère s'il embrassera un état ignoble, sera dans peu l'objet de l'envie et delà jalousie universelle. On te comblera d'honneurs et de louanges; tu seras revêtu de cet habit (elle me montra le sien, qui était magnifique); tu te feras estimer par tes rares qualités, et tu t'attireras la considération de ceux même qui l'emportent sur toi par les richesses et la naissance; on te jugera digne des plus grands emplois, et l'on te déférera partout la première place.
Para simplificar a abordagem do texto, apresento, traduzido para português (a partir da versão francesa de Belin de Ballu), um excerto particularmente eloquente da argumentação contra a escultura:
Quando tu fores um Fídias ou um Polícleto, quando tu fizeres as obras mais admiráveis, será apenas à tua arte que todos os elogios se dirigirão e, entre todos aqueles que admirarem as tuas obras-primas, não haverá ninguém, por pouco senso que tenha, que a ti se queira assemelhar. Não passarás de um artesão, um vil operário, um homem que vive do trabalho das suas mãos.
Sem comentários:
Enviar um comentário